Cartouche revient sur les écrans dans une magnifique copie restaurée ! Visible à la fois en salles et en vidéo, le célèbre film de Philippe de Broca retrouve tout son lustre, son panache et sa mélancolie. Restauration qui n’aurait pu avoir lieu sans le  vaste travail éditorial entrepris peu après le décès du réalisateur en 2004 et mené avec ténacité par la famille de Broca – en premier lieu, sa compagne Alexandra – et Marina Girard, agent-conseil spécialiste en droits d’auteurs. Rencontre.

 


 

Philippe de Broca est décédé en 2004. Comment avez-vous envisagé, à cette époque, la sauvegarde et la transmission de ses films ?

Marina Girard : Alexandra m’a contactée en 2005, peu après le décès de Philippe de Broca. La famille avait la ferme intention que les droits d’auteurs de son œuvre soient clarifiés. Ils souhaitaient qu’un maximum de films soient distribués, de façon à ce que cela contribue à une forme de réhabilitation. Le premier cas qu’on a eu à traiter, c’était L’Homme de Rio et Les Tribulations d’un Chinois en Chine, deux films importants dans sa filmographie. Leurs droits étaient bloqués, parce qu’il y avait deux co-producteurs : une société française et une société américaine, qui s’en disputaient la propriété. En tant qu’auteurs, nous en étions victimes. Quand l’un des co-producteurs souhaitait renouveler ses droits, l’autre nous signifiait que c’est avec lui qu’il fallait le faire ! Au bout de trois ans de négociations amiables, nous sommes allés voir tous les auteurs. On leur a proposé d’assigner les deux co-producteurs. Nous avons tenu ensemble cette procédure pendant trois ans. Nous avons aussi eu la malchance que la major américaine tombe en cessation de paiement, ce qui a ralenti le processus. Finalement, la veille de la plaidoirie, en 2011, les co-producteurs se sont mis d’accord : la major américaine a cédé ses droits à TF1.  Nous avons donc pu demander une restauration des films en 2012. Par la suite, nous avons renouvelé les droits des films tels que On a volé la Cuisse de Jupiter, Tendre poulet, Le Cavaleur, qui étaient également chez TF1, en même temps qu’ils étaient restaurés. La restauration et la ressortie de L’Homme de Rio  ont été de véritables succès. Cela a montré qu’investir dans les films de catalogue pouvait constituer une source de revenus et qu’un partenariat avec les auteurs pouvait être fructueux.

Alexandra de Broca : Pour toutes ces démarches il est important d’avoir de bonnes relations avec les co-auteurs, qui sont le plus souvent représentés par Artmedia et la SACD. Pour la restauration, on a également été aidés par le CNC.

Et vous avez continué sur la lancée du succès de L’Homme de Rio ?

M.G.  : Oui. . Les Caprices de Marie était chez le même producteur américain. Après des échanges sans obtenir de résultat, nous avons assigné cette compagnie en 2010. Nous avons donc récupéré les droits du film, que nous avons transmis à Gaumont. Ensuite, nous souhaitions mettre en avant les premiers films de Philippe de Broca, avec Jean-Pierre Cassel pour acteur principal. L’Amant de 5 jours était chez TF1. Les Jeux de l’amour et Le Farceur étaient chez Gaumont et avaient été restaurés. Il nous manquait Un monsieur de compagnie. La major américaine qui le détenait ne souhaitait rien faire ni renouveler les droits des auteurs ni restaurer le film. A nouveau, nous avons dû faire une procédure légale.  Une transaction a été signée accordant un mandat à la famille de Philippe de Broca Nous avons restauré le film avec l’aide du CNC et confié l’exploitation du film à Gaumont. D’où ce merveilleux coffret vidéo avec les quatres films de Broca-Cassel.

Quel est l’intérêt des majors de laisser dormir leur catalogue ?

A.d.B. : Parfois, les majors  ne savent même pas qu’elles ont le film !

M.G.  : Pour elles,  dès lors que les droits sont échus,  le film ne figure plus dans leurs bases de données. Souvent, restaurer ces films ne les intéresse pas, surtout s’ils ne correspondent pas à leur ligne éditoriale et encore plus si le résultat économique ne leur paraît pas suffisant. Nous avons quand même eu des dialogues positifs sans procédure comme par exemple avec Sony pour La Poudre d’Escampette, mais cela nous a pris tout de même presque dix ans, il faut être patient ! En France, une grande partie de la production de films des années 60 et début 70 a été co-financée par des majors américaines, ou leurs filiales françaises. Les droits de distribution sont donc entre les mains de ces majors.

le roi de coeur

Le Roi de cœur (1966), chef-d’œuvre de Philippe de Broca ressorti en salles par Swashbuckler et en vidéo par l’Atelier d’images.

Sur quels critères avez-vous choisi les titres que vous souhaitiez rendre de nouveau disponibles ?

A.d.B. : Les dix dernières années de la vie professionnelle de Philippe ont été particulièrement difficiles. Il était considéré comme un has been. Soit on lui proposait de refaire ce qu’il avait eu l’habitude de faire, et ça marchait moins bien, parce que l’époque avait évolué ; soit un producteur lui accordait suffisamment de moyens, comme avec Le Bossu et Vipère au poing. Bien que ce soient deux commandes, ce sont là deux films qu’il a admirablement filmés. Mais ce qu’il avait envie de transmettre, comme Le Roi de cœur, personne n’en avait envie au moment de son décès.A la fin de sa vie, Philippe m’a laissé un document sur lequel il a dressé la liste de tous ses films. Certains étaient cochés d’une croix. Ils correspondaient à ceux dont il considérait que c’était de très bons films –  il est très sévère avec certains de ses films. Le but est donc de faire revivre ceux qui ont été cochés. Le Roi de cœur en faisait évidemment partie.

M.G. : Là, on avait encore une double co-production franco-américaine, qui se répartissait les droits en fonction de ceux qui étaient détenus sur tels ou tels pays. Là où la tâche se compliquait, c’est que Le Roi de cœur et Le Diable par la queue avaient été financés en même temps via des contrats croisés. La famille m’ayant accordé un budget conséquent, j’ai donc pu faire des propositions de rachat à la major américaine, – qui commençait à me connaître – ainsi qu’au cataloguiste français. L’Américain souhaitait également céder Le Diable par la queue. Je suis donc allée voir le cataloguiste français pour lui demander de nous vendre ses parts du Roi de coeur, en échange de la cession de nos parts du Diable par la queue ! Voilà comment Le Diable se trouve chez un grand distributeur qui s’en occupe très bien, et comment on a récupéré 100% des droits du Roi de cœur. Il a été remis en distribution aux Etats-Unis par Cohen Media Group, parce que le film y est important. En France, le film a été restauré en 2016, est sorti en 2017 chez Swashbuckler, et sorti en vidéo par L’Atelier d’images.

Quel bilan tirez-vous de la réédition du Roi de cœur ?

M.G.  : Cela a permis de remettre en avant toute l’aventure de la sortie du Roi de cœur, son échec en France, son succès commercial aux États-Unis.

A.d.B. : Dans certains films de Philippe, on sent parfois un côté démodé. Avec Le Roi de cœur ou Cartouche, on n’a pas cette difficulté. C’est d’un point de vue technique que ces films se sont altérés. Passé le choc des génériques qui peuvent paraître démodés, on découvre des plans et des images exceptionnels.

M.G.  : Pierre Lhomme nous a beaucoup aidés. Chef opérateur sur Le Roi de cœur, il en était aussi un fan absolu. Il m’appelait régulièrement pour savoir où en étaient les restaurations.

A.d.B. : Je souhaitais associer les chefs op de Philippe aux restaurations. On a eu beaucoup de chance d’avoir l’aide de Pierre Lhomme ainsi que Jean-Paul Schwartz. Jean-François Robin, qui s’était très bien entendu avec Philippe sur Le Bossu, nous aide maintenant.

M.G. : Avec ces différentes actions, nous avons finalement convaincu la Cinémathèque d’organiser une rétrospective de Broca en 2015, ce qui était impossible avant que les droits ne soient remis en ordre et qu’on ait du matériel de qualité. Cette rétrospective a eu lieu avec l’aide précieuse de Jean-Paul Rappeneau. Grand moment ! C’est Bernard Payen qui en a assuré la programmation. Cette rétrospective était importante pour repositionner l’œuvre de Philippe de Broca… Nous avons été novateurs, en faisant entrer les comédies françaises à la Cinémathèque. Michel Gondry est même parvenu, à faire entrer Philippe de Broca à Beaubourg en programmant Le Magnifique lors de sa carte blanche…. !  A la Cinémathèque, il nous manquait Cartouche, visible uniquement  sur une ancienne copie 35 mm très abîmée. Pareil pour Chère Louise. Philippe de Broca n’aimait pas beaucoup ce film, très singulier dans sa filmographie. Sa présentation avait été très douloureuse à Cannes. Mais le public avait apprécié ce qui constitue la seule comédie dramatique de Philippe de Broca – avec Vipère au poing. La Poudre d’escampette n’était pas non plus restaurée. A l’issue de cette rétrospective, Cartouche est devenu pour nous un cheval de bataille mais cela a été très long, ce qui est étonnant pour un film très connu.

CARTOUCHE 06

Cartouche (1962), enfin restauré et ressorti par Carlotta Films et en vidéo par Studiocanal.

Pourquoi ?

M.G.  : Il fallait convaincre le cataloguiste, Studiocanal, qui était satisfait du matériel existant destiné uniquement à la TV et à la vidéo en DVD. Ce qui nous a aidé, c’est la dernière diffusion TV début 2018, très mal étalonnée. Je reçois alors un appel de Pierre Lhomme : « Ca ne s’arrange pas ! ». Studiocanal a alors accepté de tenter une demande d’aide à la numérisation, nous avons eu beaucoup de chance : Lumière et Thierry Frémaux ont appuyé notre demande… Nous nous inscrivions dans un vaste projet éditorial, et seul Cartouche manquait, qui est quand même l’un des très grands films de Philippe de Broca.

A.d.B. : Les amis et la famille de Philippe se mobilisaient, ça a joué aussi !

M.G.  : Il se trouve aussi que Bologne possède les droits italiens de Cartouche. Cela a joué en faveur de sa restauration. Ils ont effectué la restauration, tout en s’entendant avec Studiocanal. C’est ce qui a permis que le film soit restauré 4 ans après la rétrospective de 2015. Pierre Lhomme était déjà très fatigué, c’est Jean-François qui a supervisé l’étalonnage. Le film ressort chez Carlotta en salles et en video.

Pourquoi un tel attachement à Cartouche ?

A.d.B. : C’est un film qui ressemble tellement à Philippe ! Quand vous le rencontriez au début, vous étiez charmé par son esprit vif, sa rapidité, comme dans les premières scènes. Plus vous le connaissiez, plus vous étiez confronté à la profondeur de sa personne, de son inquiétude, de son anti-militarisme terrible, de son intérêt pour les questions sociales. Le film reflète vraiment l’esprit de Philippe. Un peu comme Le Roi de cœur. D’ailleurs, il résonne avec l’actualité des gilets jaunes. Il y a aussi un arrière-plan philosophique dû au texte de Daniel Boulanger. Et cette fin, très pessimiste, que tout le monde oublie, a des accents tragiques ! La fin est stupéfiante et bouleversante, sur la mort, le carpe diem. Le film devient lyrique, ce n’est pas du tout Fanfan la Tulipe !

M.G.  :Avec Boulanger ou Rappeneau, ses films prenaient une vraie profondeur. Le Cavaleur, c’est un film sur le temps qui passe. On n’y parle pas d’un homme qui trompe des femmes, c’est tout autre chose !

Alexandra de Broca : D’ailleurs, le titre original, c’est Éloge de la fugue.

M.G.  : Le cinéma de Philippe de Broca doit rester populaire, mais notre démarche vise à montrer qu’il existe d’autres niveaux de lecture. Si son cinéma perdure, c’est parce qu’il y a, entre autres choses, des dialogues de grande qualité. L’aventure n’est qu’un prétexte.

A.d.B. : L’aventure est une fuite du présent par rapport à la mort.

l'homme de rioQu’est-ce qui a été le plus complexe à restaurer sur Cartouche ou d’autres films de Philippe de Broca ?

M.G.  : Le matériel n’était pas très abîmé, c’est surtout l’étalonnage qui était délicat à effectuer. Mais sur L’Homme de Rio, par exemple, la responsable technique de la restauration chez TF1 nous avait fait remarquer qu’il y avait des sautes d’images durant certaines séquences…

A.d.B. : En réalité, il s’agissait de plans qui avaient été coupés par Philippe pour aller encore plus vite ! Heureusement, on a un complice formidable : Henri Lanoë, le monteur de la plupart de ses films, avec lequel ils s’étaient connus pendant la guerre d’Algérie, et qui avait pu nous expliquer ce choix de montage.

M.G.  : Le seul cas où nous sommes avons dû véritablement intervenir, c’était dans le cas des trucages qui ont un peu vieilli. Dans On a volé la cuisse de Jupiter, Noiret et Girardot sont accrochés à un filin. On a dû enlever quelques images, car ce n’était pas possible !

A.d.B. : Ou, par exemple, dans L’Africain, restauré par Pathé, la qualité des stock-shots avec des éléphants dans la savane était très mauvaise après numérisation. Le laboratoire a dû beaucoup travaillé pour améliorer le résultat

M.G.  : Philippe de Broca avait une autre habitude qui ne nous aide pas en restauration : dans ses premier films post-synchronisés, qui n’étaient pas en prise de son direct, on pouvait sauter des dialogues ! Sur le son, on a eu deux complices formidables, Stéphane Lerouge et Colette Delerue. Cette dernière nous a donné accès à ses archives sonores, qui sont parfois meilleures que celles des producteurs.

A.d.B.: Toute cette bande de copains – Henri Lanoë, Pierre Lhomme, Jean-Paul Rappeneau, et beaucoup d’autres – qui ont eu envie de faire revivre Philippe nous a permis  de faire un travail bien plus efficace que s’il s’agissait d’une demande isolée.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de ces années de restaurations ?

A.d.B. : J’avais souvent les larmes aux yeux, parce que beaucoup de dialogues reflètent exactement l’homme que j’ai connu, épousé et aimé. Le personnage de Philippe Noiret dans Chouans !, c’est exactement l’esprit de Philippe. Pareil pour Le Cavaleur ou Le Roi de cœur. Tout le monde est d’accord pour reconnaître qu’il avait le sens de la caméra, qu’il tournait vite et très bien. Cartouche est un film qu’il tourne après deux ou trois petits films en noir et blanc. Quand vous le regardez, il est extrêmement bien filmé, dirigé, décoré, éclairé, mis en musique. Philippe est encore un gamin à l’époque ! Cartouche est d’ailleurs héritier des Trois mousquetaires qu’il devait tourner. Et dans chacun de ses films, j’y perçois sa petite musique….

M.G.  : Je garde en tête l’ouverture de la rétrospective. Ce qui a été merveilleux, c’est de voir tout ce réseau, toute sa famille, Alexandra en tête, mais aussi Michelle de Broca, Marthe Keller, Catherine Alric…

A.d.B. : On s’entend toutes très bien ! Comme dans Le Cavaleur !

M.G.  : Il y avait également tous ses amis, Jean-Paul Rappeneau, Pierre Lhomme… C’est assez rare, ce travail de collaboration avec tous les auteurs. Les producteurs ont également joué le jeu. Le fait de voir qu’on travaillait main dans la main et qu’on effectuait un travail global sur l’œuvre les aidait aussi à revaloriser leurs films.

Comment expliquez-vous le malentendu qui a longtemps existé entre l’œuvre de Philippe de Broca et la critique ?

A.d.B. : Ça va quand même beaucoup mieux désormais. Les films de Philippe sont diffusés sur Arte et encensés par Télérama ! Très honnêtement, il y a 30 ans, quand j’ai connu Philippe, c’était épouvantable. On associe trop facilement Philippe à Jean-Paul Belmondo. Philippe a fait trente films, seulement cinq avec Jean-Paul. Certes, ce sont de très beaux films.

Quels héritiers lui voyez-vous dans le cinéma contemporain ?

A.d.B.  : Jean Dujardin ou Guillaume Canet font des films qui ressemblent à Philippe : derrière leur aspect bande de copains, on y sent la peur de vieillir et de mourir… Faire rire sur les tragédies de la vie, c’est complètement l’esprit de Philippe. Je me souviens avoir emmené Philippe voir Les Nuits fauves, de Cyril Collard. À la sortie de la projection, il m’a dit « Si c’est ça le cinéma aujourd’hui, j’arrête… ». À contrario, un film comme The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, par exemple est complètement dans l’esprit de Philippe.

M.G.  : Dans le cinéma français de l’époque de Philippe de Broca, il y avait un savoir-faire au niveau des dialogues qui est difficile à retrouver dans les comédies aujourd’hui.

chouans

Philippe de Broca sur le tournage de Chouans ! (1988)

Et maintenant, quels sont vos prochains enjeux concernant Philippe de Broca ?

A.d.B. : Philippe a fait deux films qui ont été pour des raisons de financement des films cinéma et des séries TV : Chouans ! et Les Mille et une nuits. Dans ces deux cas, il me semble que la version TV est vraiment formidable – surtout Chouans !. Dans les deux cas, la version cinéma est tronquée et caricaturale.

M.G.  : On souhaiterait avoir un niveau de restauration suffisant pour que dans les rétrospectives on puisse avoir les DCP des versions longues de Chouans et des Mille et une nuits… Un autre film nous tient à cœur, qui est un film TV : Le Jardin des plantes. Toute la philosophie et l’esprit de Philippe de Broca s’y retrouvent. La Poudre d’escampette est également terminé et sortira prochainement sur OCS, puis en vidéo chez Coin de mire. C’est probablement avec Coin de mire que sortira Chère Louise, un accord de finalisation avec TF1 est en cours pour en obtenir les droits. Maintenant qu’on a le matériel, on peut désormais se concentrer sur l’aspect analytique de toute l’œuvre de Philippe de Broca.


AFFICHE CARTOUCHE HD

Carlotta Films
Cinéma
23 octobre 2019

Studiocanal
Combo DVD/Blu-ray
6 novembre 2019

Photo d’illustration : Cartouche (1962) – © Mondadori 


Sylvain Lefort

Co-fondateur Revus & Corrigés (trimestriel consacré à l'actualité du cinéma de patrimoine), journaliste cinéma (Cineblogywood, VanityFair, LCI, Noto Revue), cinéphile et fan des films d'hier et d'aujourd'hui, en quête de pépites et de (re)découvertes

En savoir plus sur Revus & Corrigés

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading