L’intrigue
Steve est un célèbre acteur américain. Marié à Susan et père de famille, il s’envole pour Cinecittà en Italie où il doit interpréter le rôle de l’écrivain italien Cesare Pavese, auteur à qui il voue une véritable passion. Une jeune actrice, Jane, interprètera le rôle de Gabriella, la dernière femme qu’aima Pavese avant de se suicider en 1950. Steve et Jane vont tomber amoureux…
Week-end à Rome
Après deux premiers long-métrages à la nostalgie douce-amère de la France des années 1960, l’Amérique tomba amoureuse de Diane Kurys avec son Coup de foudre qui alla même représenter la France aux Oscars. Il est difficile de résister à l’insistance des sirènes d’Hollywood, surtout lorsque se profile l’éventualité d’un projet à l’échelle internationale. L’histoire simple d’Un homme amoureux eut pourtant bien des difficultés à aboutir en un quatrième film pour la réalisatrice. Non pas que de réunir Français, Américains et Italiens sur un même projet fut compliqué à cette époque, mais que son auteure parvienne à préserver suffisamment ce supplément d’âme qu’elle avait insufflé dans cette nouvelle page de sa filmographie autobiographique.
À revoir Un homme amoureux dans cette nouvelle édition restaurée sous la supervision de la réalisatrice, notre attention se porte plus facilement sur les décors de Dean Tavoularis, les envolées de la partition de Georges Delerue ou les quelques très belles cartes postales de l’Italie, filmées par Bernard Zitzermann dans les couleurs ocres d’un soleil rasant. Le regard sur les coulisses d’un tournage, une jeune femme qui tombe amoureuse d’un homme marié, un acteur qui se perd dans son personnage… Malgré son implication dans l’écriture de ce scénario qui manqua de lui échapper au profit de la Warner, Diane Kurys n’apportait rien de bien neuf à ressasser des thématiques maintes fois explorées. Un homme amoureux ne décolle jamais vraiment, cherchant constamment sa route entre tous les sujets que souhaitait aborder sa réalisatrice.
Mais ce qui remet étonnement le plus en valeur le film s’avère cet entretien a posteriori de Diane Kurys en bonus. Elle y fait preuve d’une surprenante franchise en pointant les mêmes failles sur cette première expérience à l’international : « Ce n’est pas parce qu’on est heureux pendant un tournage que le film est aimé par le public… ou réussit. » Comme bien d’autres avant et après elle, Diane Kurys explique très bien cette sensation ambiguë ressentie par les cinéastes français qui cèdent à l’appel de l’Amérique ; lorsque l’égo, l’ambition et l’envie de plus grand se fracassent soudain contre les desiderata des financiers de l’industrie cinématographique de l’Oncle Sam. On imagine également sa stupeur face au refus systématique de tous les acteurs prestigieux d’Hollywood de tenir leur propre métier à l’écran. Des De Niro, Pacino, Hurt… laissèrent ainsi sa chance à Peter Coyote.
Jusqu’à faire l’ouverture du Festival de Cannes en 1987, la pression n’aura jamais lâché Diane Kurys qui essaya, tant bien que mal, de mêler l’intimisme naturel de son cinéma à des dimensions qui ne s’y prêtaient pas forcément. Malgré son beau casting rassemblant également Jamie Lee Curtis, Vincent Lindon ou Claudia Cardinale, Un homme amoureux ne restera pas en mémoire comme un mélodrame sulfureux ou une œuvre majeure de la mise en abîme du cinéma. Et ce de l’aveu même de sa réalisatrice qui, le revoyant près de trente années après, en corrigerait volontiers certains aspects. Il est son seul film tourné en Anglais, nous laissant comme l’impression d’un acte manqué, qui aura permit à Diane Kurys de recentrer la suite de sa carrière de scénariste et réalisatrice sur des questions plus personnelles.
L’édition DVD/Blu-ray d’Un homme amoureux est tirée d’une copie intégralement restaurée à partir d’un master 2K du film, avec en complément Une parenthèse à l’hotel Roma, un entretien exclusif avec Diane Kurys. (35’)
Un homme amoureux (1987)
De Diane Kurys
avec Greta Scacchi, Peter Coyote, Jamie Lee Curtis
Edité en DVD/Blu-ray par Pathé, sortie le 11 avril 2018
